Dix propositions pour une bibliothèque de cinéma

Parmi l'abondante littérature portant sur le cinéma, nous proposons ici un choix de dix titres, extraits à l'appui.

Cela va sans dire, mais ça va mieux en le disant : même si le rédacteur des présentes lignes prise tout particulièrement les dix livres retenus, il ne s'agit évidemment que d'un choix parmi bien d'autres possibles !

Pour chaque livre envisagé, outre l'intérêt du sujet et la profondeur de vues à l'égard de ce dernier, le critère de sélection principal a été la qualité d'écriture. Sans être forcément de nature universitaire (laquelle se caractérise souvent par une écriture désincarnée et peu enthousiasmante), trop de livres sur le cinéma manquent cruellement de style et de singularité, quand ce n'est pas de cette maîtrise de la langue qu'on est en droit d'attendre de toute personne formulant un propos destiné à être publié ; à quoi s'ajoute, ces dernières années, le cas de livres en langues étrangères dont la traduction, sous l'égide de maisons d'édition pourtant reconnues, laisse pour le moins songeur.

Au temps de l'intelligence artificielle appliquée à la rédaction, de l'éducation de masse et de l'anti-intellectualisme triomphant, cette exigence d'une écriture qui tende à être à la fois rigoureuse et vigoureuse, pénétrante et intelligible, sensible, élégante et en lien étroit avec son sujet paraît plus que jamais essentielle.

Afin de mieux mettre en valeur la ligne continue d'une qualité d'écriture individuelle qui se manifeste dans des projets littéraires spécifiques (et aussi pour circonscrire un corpus qui ne soit pas trop pléthorique), nous avons écarté les catégories de livres suivantes, bien que certaines d'entre elles aient donné des ouvrages de très grande valeur :

  • les dictionnaires (dont on aurait sinon retenu le Dictionnaire des films de Jacques Lourcelles) ;
  • les livres d'entretien (qui ont fourni, entre autres, le formidable Hitchcock dirigé par François Truffaut, dont Upopi a traité par ailleurs);
  • les recueils de textes critiques (parmi lesquels on ne peut pas ne pas au moins citer ceux d'André Bazin, de François Truffaut, de Manny Farber et de Serge Daney) ;
  • les ouvrages à rédacteur·rice·s multiples ;
  • les autobiographies et correspondances de cinéastes, producteur·rice·s, comédien·ne·s, ou d'autres intervenant·e·s du processus cinématographique ;
  • les sommes, manuels ou abrégés à contenu historique, théorique et/ou technique, dont la visée est essentiellement didactique ;
  • les catalogues de rétrospectives et d'expositions ;
  • les éditions de documents tels que projets de films non réalisés, scénarios, découpages ;
  • les livres non traduits en français (parmi lesquels on aurait sinon évoqué ceux de l'Américain Tom Gunning) ;
  • les beaux livres d'images de type « coffee book ».
 

Quatre des dix livres retenus sont des publications des Éditions de l'Étoile/Cahiers du cinéma : cela peut sembler beaucoup, mais en matière de livres sur le cinéma cette maison d'édition fut, parmi celles œuvrant dans le champ francophone, l'une des plus intéressantes des années 1980 et 1990.

Pour chaque livre, l'année indiquée est celle de sa première édition française, dont on reproduit la couverture. Dans les extraits cités, les passages entre crochets sont de notre fait.

Enfin, parmi les ouvrages que nous aurions pu aussi faire figurer dans notre liste, il y a bien sûr le Chaplin cinéaste de Francis Bordat, déjà célébré dans Upopi, et que nous ne saurions trop de nouveau recommander !

Choix et présentation des livres : Jean-François Buiré. Réalisation : Ciclic, 2024.

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