La Prévention de l'usure - Ateliers

Comédie musicale et monde ouvrier

1. L’usine, un monde musical

L’une des particularités de La Prévention de l’usure est d’être une comédie musicale qui adopte comme décor le monde ouvrier. Au premier abord, les élèves pourront trouver surprenante l’association de la comédie musicale - qui évoque plus volontiers un univers de fantaisie -  au monde de l’industrie. On pourra s’appuyer sur cette possible réaction pour leur demander pourquoi on a choisi d’ancrer cette comédie musicale dans un contexte industriel. L’industrie n’est-elle pas avant tout un formidable espace pour expérimenter les sons et les rythmes ? Ce n’est peut-être pas un hasard si d’autres films ont choisi cette même hybridation.
A partir des extraits suivants, on pourra étudier comment chacun des films exploite différemment les potentialités musicales du décor industriel.

Dans Dancer in the Dark, Lars Von trier met en scène l’histoire de Selma qui s’évade de son quotidien d’ouvrière en rêvant de danse et de chant : (Extrait). 37,40 / 41,44

Le Silence des machines est un court métrage de Paul Calori dans lequel des employées se mobilisent contre la délocalisation de leur usine : (Extrait) 2,57/ 6,55.

Le Silence des Machines from Paul Calori on Vimeo.

. Se servir du réel pour produire des sons

Dans la séquence de l’usine, les ouvriers, interprétés par le groupe Zic Zazou, créent leur musique à partir du réel et des objets qui les entourent à la manière de la musique concrète apparue dans les années 50 et élaborée avec les bruits du monde.

- A écouter :
Pierre Schaeffer et Pierre Henry, chefs de file de la musique concrète.
Einstürzende Neubauten, groupe de musique industrielle  qui travaille à partir de bruits de marteaux piqueurs, de perceuses ou de bétonnières. Steh auf Berlin sur l’album Kollaps.

- A voir et à écouter :
Des vidéos des spectacles des Zic Zazou qui allient musique concrète et burlesque : www.ziczazou.com
Music for One Apartment and Six Drummers, court métrage du duo suédois Simonsson et Nilsson.

Quel rire ?

Il n’y a pas que la comédie musicale pour entretenir un rapport privilégié avec le monde ouvrier. Les films burlesques prennent souvent racine dans des environnements industriels : Les Temps modernes de Charles Chaplin, Le Mécano de la Général de Buster Keaton, ou encore Les Miettes de Pierre Pinaud, par exemple. Le comique naît de la confrontation entre la maladresse des corps burlesques et la mécanique bien huilée des machines. Si La Prévention de l’usure reprend certains caractères de la comédie burlesque (la mise en scène au cordeau, et le recours aux objets chers à Jaques Tati, les mouvements exagérés des corps lors des séquences chorégraphiées), peut-il pour autant être considéré comme un film burlesque ? Le type de rire provoqué est-il de même nature ?

Pour illustrer cette question, la comparaison du court métrage avec une séquence de Rumba de Fiona Gordon et Dominique Abel permettra de relever des similitudes (l’importance des couleurs et leur lien ténu avec la chorégraphie, ou encore le personnage principal : le couple) mais aussi des différences sur le type de rire provoqué (le second degré, la légèreté de l’un et l’humour noir entre absurde et pathétique de l’autre).

Adrien Heudier, 2010.