Il fait beau... - Ateliers

Une femme sous toutes ses coutures

Une identification des différentes manières dont Adèle apparaît à l’écran permet de mettre en évidence toutes les facettes du film et le mélange des genres qu’il propose : film épistolaire, journal intime, autofiction, romance, burlesque. Soit autant de façons pour l’actrice-réalisatrice de faire corps avec le film et de le transformer, de l’habiller à son image. Comment cette femme est-elle représentée ? Le personnage d’Adèle se définit-il entièrement par rapport à sa grossesse ? Quelle image Valérie Donzelli nous renvoie-t-elle de cette grossesse, qui n’est pas seulement celle de son personnage mais aussi la sienne ?

Accessoires et indispensables

On remarque l’importance accordée dans le film aux vêtements et aux accessoires de mode. Leur repérage permet de mettre en valeur leur fonction au sein de la mise en scène. Il y a notamment cette fameuse robe (verte en réalité, mais apparaissant bleue à l’image) portée avec des mules à talons rouges. Soit la mise en relation de deux couleurs reprises dans les génériques du début et de fin. On note aussi la différence entre un Vidal avec et sans lunettes noires, son changement vestimentaire, et l’assortiment entre la couleur de l’excrément de pigeon (qui ressemble à une grosse tache de peinture) avec sa veste. A cela se rajoute un intérêt portés aux matières des vêtements dont est mise en avant la dimension protectrice (« C’est du double fil ? », « Je me sentais forte dans cette robe (…) c’était un peu comme mon bouclier ») et à un souci plus général d’habillage (le générique, le Super 8).

Romanesque et trivial

Relever les éléments a priori contradictoires qui traversent le film permet aussi une identification de ses enjeux. Ceux-ci se concentrent autour d’une forme romanesque tantôt soutenue par la mise en scène tantôt entravée par divers éléments prosaïques. Quels sont les éléments qui relèvent d’une certaine sublimation amoureuse ? Parmi eux, on note la musique, l’approche roman-photo, le ton épistolaire, les vêtements d’Adèle et une image romantique de Paris. Quels sont ceux qui au contraire relèvent d’un registre plus trivial, peu propice à créer un cadre sentimental ? On pense à cette image d’Adèle lavant les vitres, aux marteaux-piqueurs de la scène des colonnes de Buren, à l’empreinte laissée par un pigeon sur la veste de Vidal ou au tee-shirt de touriste de ce dernier. On s’interrogera alors sur le rôle de ces éléments contradictoires : consolident-ils les obstacles entre le couple ou favorisent-ils son union ? Quelle impression suscite ce jeu autour des clichés amoureux ou touristiques ? Ces deux versants sont-ils seulement en rapport d’opposition ?

Amélie Dubois, 2009

Le couple son/image

Le rapport entre le dit (les paroles) et le montré (l’image) est-il le même tout au long du film ? Qu’est-ce qui caractérise dans un premier temps le lien instauré entre le son et l’image ? Comment ce couple son/image évolue-t-il ? Que révèle-t-il de la relation entre Adèle et Vidal et plus largement des enjeux du film ?

Une analyse comparée des différentes étapes franchies dans cette cohabitation son/image nous permet de noter les changements qui marquent la relation entre Adèle et Vidal et de considérer l’écart creusé entre l’imaginaire et la réalité. On s’intéressera à la façon dont les personnages vont composer avec ce décalage. Dans quel type de cohabitation image/son finissent-ils par trouver une harmonie ?