Harvie Krumpet - Technique

Marionnettes en pâte à modeler

Dès le début du XXe siècle, à peine quelques années après l’invention du cinéma, certains réalisateurs ont animé la pâte à modeler. La technique a continué d’exister discrètement puis a été popularisée aux États-Unis par Art Clockey avec son personnage Gumby (créé en 1955, il a traversé les années et fait l’objet d’un long métrage en 1995). La pâte à modeler a plus tard été internationalement reconnue grâce aux Anglais du studio Aardman, créateurs de Wallace & Gromit et de Chicken Run (2000). Adam Elliot a utilisé cette technique pour tous ses films. Mais dans Harvie Krumpet, seuls les bras des personnages sont en pâte à modeler, le reste des corps et les décors faisant appel à bien d’autres matériaux.

"J’ai toujours pensé qu’il y avait trop d’animations dans le film d’animation."

Ce propos d’Adam Elliot montre qu’il a forgé son style de mise scène à travers la contrainte technique. Car l’aspect très artisanal de la pâte à modeler surtout quand, comme Adam Elliot pour ses courts métrages, on la travaille seul, peut contraindre les réalisateurs à économiser leurs efforts en réduisant l’animation à l’essentiel. Ainsi, les personnages de Harvie Krumpet s’animent peu. Comme certains pèsent leurs mots, on pourrait dire qu’Elliot pèse les gestes de Harvie, qui produisent un fort effet sur le spectateur : on ressent l’importance que chaque geste revêt pour le personnage handicapé – le moment où Harvie danse après la rencontre avec Horace est ainsi particulièrement fort.
Si cette animation réduite à l’essentiel est aussi marquante, c’est aussi grâce aux efforts que le réalisateur porte sur tous les autres aspects de la mise en scène : cadrage, couleurs, éclairages, sons et musiques sont extrêmement soignés*.

La vidéo ci-dessous permet de comprendre comment a été réalisée la scène où Harvie est foudroyé. Cette vidéo réalisée par le CRDP de l’académie de Lyon est disponible sur le DVD En matières d’animation.

Simon Gilardi, 2011