Tendances des interventions territoriales, l'analyse des pros #2 : Catherine Bertin

Ciclic a proposé à plusieurs personnalités concernées par les politiques culturelles en faveur du cinéma et de l'audiovisuel de commenter les Tendances issues du tout nouveau Panorama des interventions territoriales. C'est Catherine Bertin qui nous livre aujourd'hui son point de vue sur ces tendances, en sa qualité de déléguée générale du Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI). Fondé il y a plus de 15 ans aujourd’hui par des producteurs indépendants de toute chaîne ou groupe de télécommunication, le SPI regroupe environ 400 producteurs de l’audiovisuel et du cinéma, indépendants de tout opérateur de diffusion et de télécommunication, et une grande variété de sociétés, de personnalités, d’activités, de genres de création.

A la lecture de ce document, quelles tendances le SPI pointe-t-il ?
Peut-on parler de confirmation, d'effet conjoncturel ou plus structurel ?

La première tendance que nous notons avec satisfaction est bien sûr la forte hausse des enveloppes. Mais je crains que 2015 soit atypique, et la fin du document éveille ces craintes, avec l’exemple alarmant de la baisse de près de 70% des crédits alloués à la fiction TV en Ile-de-France, qui est une des principales régions engagées dans le secteur.

L’autre élément qui vient immédiatement attirer l’attention est le faible nombre de collectivités territoriales concernées. Toutes les régions le sont, mais signent des COM avec le CNC. Hormis elles, les autres collectivités ne sont pas réellement engagées dans le soutien à l’audiovisuel et au cinéma. Les futures métropoles devraient le faire.

L'un des principaux enseignements est le désengagement, cette année, des collectivités sur la fiction TV. Cela risque-t-il d'impacter l'écosystème actuel ?

Le désengagement dans la fiction est certainement un des effets de la mutation territoriale, notamment du retrait des Départements. Il peut aussi s’agir d’une diversification des choix de soutien et d’investissements dans d’autres genres.

En tout état de cause, le point crucial pour le SPI est la préservation d’un écosystème territorial. Le SPI a toujours milité pour la diversité, dans le cinéma comme dans l’audiovisuel.

"Les écosystèmes locaux doivent être pluri-acteurs.Ils doivent articuler l’aide aux écritures, aux tournages, les soutiens financiers, à la post production, l’investissement, bref, intervenir sur tous les éléments de la chaîne de production des œuvres."

Il en va de la santé économique du secteur et de la richesse de la création sur tous les territoires. Ce tissu permet aussi l’émergence. Mais ces systèmes sont fragiles, surtout dans une période de recomposition des territoires d’une ampleur exceptionnelle.

Le recul de bon nombre de collectivités, à l'heure de la fusion effective des régions - et, de facto, de leurs budgets - pourrait-il selon vous avoir des conséquences négatives sur le soutien en général ?
Doit-on craindre un désengagement progressif des Départements d'une part, et une politique de soutien plus sélective pour les années à venir ?

La fusion des régions est en marche, avec une recomposition des acteurs publics sur les territoires. C’est pour nous un temps délicat, sans grande visibilité et donc un facteur d’inquiétude. Les Départements n’ont plus la clause de compétence générale et se retirent des politiques de soutien au secteur, ce qui nous place là aussi devant une grande difficulté. Face à de telles interrogations, nous avons besoin de multiplier les échanges et les informations. Nous avons aussi besoin d’un accompagnement du CNC et des télévisions locales.

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