Belgique - Fiction – 2007 – 15 minutes – 16/9
Times Square, New York : dans les rues illuminées, filmées en caméra cachée, les passants semblent sous pression, la police est omniprésente et la tension ne cesse de croître.
Avec Plot Point, Nicolas Provost déploie un art visuel total. Il réalise un film documentaire sur le flux permanent de la vie nocturne new-yorkaise, la solitude au milieu de la foule, l’aspect studio de cinéma de Times Square et les exercices antiterroristes de la police de Manhattan. Son court métrage s’inscrit dans une logique fictionnelle et narrative reposant sur les techniques du thriller. Il crée du suspense, des sensations physiques fortes (sentiment de vertige, de perte des repères, montée d’angoisse), accumule les images tout en insistant sur ce qui se dérobe à la vue (Que regardent les gens ? Pourquoi les forces de police sont-elles en alerte ?), combine une temporalité de l’attente (nombre de personnes s’arrêtent ou font du surplace) et le rythme effréné des rues illuminées et bruyantes. Plot Point est également (surtout ?) un film expérimental. Le réalisateur joue sur l’instabilité de la perception et privilégie l’intensité sensorielle à partir de plusieurs éléments : durée variable et imprévisible des plans, contrastes de rythmes, musique bruitée, sonorisation artificielle et en partie désynchronisée de certains plans, présence de textures lumineuses, remploi d’images et de dialogues provenant d’autres films. Le court métrage ressemble à une installation d’art contemporain et se trouve, d’ailleurs, traité ainsi dans certaines galeries d’art en étant projeté en boucle dans une chambre noire.
PISTES DE TRAVAIL
Hors champ
Un travail concernant le traitement du hors-champ peut être réalisé en comparant Plot Point et La Peur petit chasseur (2004), de Laurent Achard (cf le dossier consacré à ce film). Si les deux réalisateurs accordent une même place à la puissance d’évocation du sonore et placent la violence dans le hors-champ, telle une menace, le régime des images diffère en partie : d’un côté, pléthore de plans, vertige du regard, encombrement de l’espace ; de l’autre, plan fixe, mouvements réduits, poétique du vide.
Installation
Illusion (2004), de Cai Guo-Qiang, est une installation vidéo numérique à trois canaux qui superpose des images de voiture qui explose en feux d'artifice sur Times Square. On pourra se demander dans quelles mesures ce traitement en surimpression entre en résonance avec Plot Point. Les élèves pourraient aussi imaginer l'installation de Plot Point dans une galerie, en dessiner ou décrire la scénographie – ce qui permettrait une comparaison sur la projection en salle de cinéma et dans un centre artistique.
Pour un aperçu d'Illusion (1mn19s-1mn28s).
Guy Astic, 2008
