— Publié le 15/06/2016

Le Parler des pas perdus

Un documentaire de Coralie Martin

Que faire du temps qui passe lorsqu'on est enfermé dehors?
Thérèse, Bakhta et Sayda sont contraintes de réinventer chaque jour une manière de combler ces heures qui leur échappent, en attendant 19h de pouvoir franchir les portes du foyer d'accueil...

Ce film a bénéficié

Mots clés : femmes, portraits, immigration, solitude, ville, aide, langue, parole

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Coralie Martin : formée à l'Ecole documentaire de Lussas en option réalisation (2012-2013), Le Parler des pas perdus est son premier documentaire professionnel produit par L'Image d'après en coproduction avec TV Tours-Val de Loire. Auparavant, elle entre à Science-Po Lyon après une classe préparatoire littéraire Hypokhâgne à Tours.

"Suivre ces femmes, c'est chercher à rendre visible un combat quotidien, à mettre en lumière ces corps invisibles. Je me place comme témoin d'un système de survie contre la précarité ; cette marche quotidienne et incessante."

Les lieux : ce sont les extérieurs, la rue, les centres commerciaux. La déambulation rythme le film, le mouvement. La réalisatrice, dans sa démarche parle de se rapprocher de silhouettes aux contours qui deviennent de plus en plus nets. Car ces corps se retrouvent dans des lieux de circulation mais souvent sans but; là où d'autres corps se déplacent par nécessité. L'errance est palpable et la distance avec le "reste du monde" aussi. 
Et puis il y a le foyer d'accueil où l'on est alors, tout à coup, plus proche de ces femmes. L'extérieur est le lieu mais aussi le temps principal du film. La vie de ses femmes consiste souvent à douze heures d'errance dans la rue avec des trajets qui se repètent parfois telles des boucles spatiales.
Quant au son, il est un outil de la cartographie entre intérieur et extérieur ; il vient souligner les bruits persistants, les ambiances de la ville ou encore la cadence de la marche, les pas. Le son colore en permanence les trajectoires de ses femmes.

Les personnages : la réalisatrice suit des femmes et tout à coup, elle entre avec elles et s'extrait du dehors pour se rapprocher d'elles. "En franchissant les portent -avec elles- des lieux qui les accueillent, on découvre leur univers, on entend leur voix, une langue qui parle d'un pays lointain, on observe les solidarités qui se mettent en place. Elles perdent peu à peu leur anonymat et deviennent des femmes luttant pour se faire une place ici."

Le temps du film : construit sur une boucle spatialle (de la nuitée à la nuitée), la réalisatrice suit également les femmes sur des cycles réguliers chaque jour. Car le cycle quotidien témoigne largement de la récurrence des mouvements, des déplacements répétés presque rituels. Le montage accentue le cycle et donne au spectateur à éprouver l'étirement d'une journée.  

* Les contenus entre guillemets sont extraits de la note d'intention.