Planet Z - Technique

Une planète sur un plateau

Planet Z est réalisé en "time-lapse". Ce terme, qui signifie en anglais "intervalle de temps", désigne une technique cinématographique visant à enregistrer des images à intervalle plus important que l’habituel 24 images par seconde afin de créer lors de la projection un effet d’accéléré. Cette technique, utilisée depuis longtemps pour des observations scientifiques, permet de faire apparaître des mouvements naturels invisibles à l’œil nu (la croissance et la floraison des plantes par exemple).

Dans le cas de Planet Z les intervalles entre les prises de vues ont duré plusieurs minutes, le temps de moisissure des aliments filmés étant assez important. Les appareils photos et les éclairages étaient programmés et déclenchés grâce à un intervallomètre. D’autres machines étaient programmées pour se déplacer à intervalle régulier : le plateau faisant avancer la caméra sur le travelling, l’axe sur lequel tourne l’orange.

Time lapse. "J’ai fait des tests chez moi pendant un an. J’observais des choses pourrir en prenant des notes. Ensuite il suffit de calculer : on avait un rail qui faisait 2 mètres quarante, 50 choux fleurs et je savais qu’ils allaient pourrir en un mois. J’avais commencé à les faire pourrir une semaine avant de commencer à prendre des images, donc quand je les ai amenés sur le plateau je savais qu’en trois semaines il fallait que la caméra parcoure ces 2 mètres quarante de travelling. L’appareil devait donc avancer de 1 mm toutes les 18 minutes."

Lumière. "On enfermait les moisissures dans du plastique pour que l’humidité reste et on faisait juste un petit trou pour l’objectif de l’appareil photo. Les flashes étaient programmés pour se déclencher seulement au moment de la prise de vues car les moisissures et les champignons n’aiment pas la lumière. Avec le chef opérateur, on a fait beaucoup de tests. On a souvent travaillé en contre-jour, en éclairant bien le contour. Eclairées de cette façon, les jeunes pousses sont presque transparentes, on a l’impression de voir à l’intérieur."

Bruitage. "Le bruiteur a utilisé énormément de sons différents. Les champignons qui marchent c’est du chiffon mouillé. Pour les jeunes pousses je voulais un son un peu cristallin : il a fait ça avec des billes de verre. Il a aussi utilisé beaucoup de légumes : il tapait et frottait des poireaux, des carottes. Pour la scène où les choux-fleurs s’effondrent, il y a plein de choses, entre autres des cris de cochon !"

3D. "On a incrusté une image 3D pour l’eau qui jaillit et pour les spores. J’ai pensé à un moment faire avec de l’eau réelle mais j’ai pensé qu’il y aurait un problème d’échelle. La maquette du début avait été conçue pour tromper un peu dans les perspectives et faire croire que c’était une étendue immense et j’avais peur qu’en filmant un véritable jet d’eau avec la taille des bulles on sente que la maquette était toute petite."

Casting. "Au début j’avais décidé de ne filmer que des myxomycètes jaunes, car je les trouvais plus étranges, elles ressemblaient à des extra-terrestres. Mais elles ne se transformaient jamais en champignons alors j’ai changé d’acteur ! J’ai pris des acteurs locaux qui marchent de manière plus spectaculaire et qui sont plus massifs. Au début je n’arrivais pas à les trouver. Une spécialiste que j’avais rencontrée auparavant les ramassait chez elle et me les envoyait par courrier ! Et puis elle a fini par venir sur le plateau de tournage et m’a montré comment les trouver dans les forêts à côté."

Amanda Robles, 2011

Entretien avec Momoko Seto, réalisé pour le magazine Mensomadaire (reproduit avec l’aimable autorisation des programmes courts de Canal+). 

Entretien avec Momoko Seto réalisé par Centre Images (Ciclic) au moment du tournage de Planet Z au studio Image Image de Chateau-Renault.