Le Petit Chaperon rouge... - Technique

Le dessin animé sur cellulo

La production traditionnelle d’un dessin animé sur cellulo est le résultat d’un travail collectif de type fordien où les tâches sont extrêmement spécialisées et compartimentées.
Cette chaîne de travail débute par l’écriture d’un synopsis déterminant l’intrigue, le cadre spatio-temporel, la nature des personnages, etc.
Un story-board, qui est la description graphique du script sous forme de vignettes, est alors élaboré.
Le lay-out organise ensuite la mise en scène en préparant chaque plan : choix du cadrage, proportions et positions des personnages par rapport au décor, mouvements de caméra, durée de chaque séquence…

Pendant que l’on peint les décors sur papier ou carton, l’animateur dessine les principales étapes (début, milieu et fin) des mouvements des personnages (rythme et qualité de ces mouvements dépendent évidemment de lui). Un intervalliste a alors pour mission de compléter les étapes intermédiaires.
Puis, le traceur duplique ces dessins à l’encre sur des feuilles de celluloïd transparentes, communément appelées cellulos, qu’une équipe de gouacheurs met en couleurs au verso (des feuilles) afin que les aplats de couleurs ne débordent pas sur les contours bien nets des personnages et des choses.

Les prises de vues sont enfin réalisées à l’aide d’un banc titre (nom donné en référence au fait que ce matériel servait aussi à filmer les génériques de film). Cet équipement est constitué d’une table de travail qui se déplace latéralement, d’un système d’éclairage et d’une caméra fixée sur un axe vertical lui permettant de monter et descendre. La table est munie d’une barre à tenons pour maintenir et aligner correctement les cellulos. Le décor est d’abord placé, puis on empile les cellulos que l’on maintient bien à plat grâce à une plaque de verre pour éviter les ombres indésirables. Perforés et classés, les cellulos forment ainsi une sorte de pellicule superposée au décor. L’opérateur photographie ensuite l’image composée. Puis, les cellulos sont remplacés par d’autres correspondant à l’image suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les séquences soient photographiées (rappelons qu’il faut vingt-quatre images différentes pour une seconde de film).

Vient pour terminer la synchronisation de la piste sonore qui, à l’époque de Tex Avery, se déroule dans un grand auditorium avec orchestre (pour la musique), acteurs (pour les voix) et bruiteurs (pour le bruitage).

La transparence du cellulo autorise le réemploi des parties immobiles du dessin telles que le fond décoratif qui n’a pas besoin d’être redessiné. Superposés les uns aux autres, les cellulos permettent aussi de formidables effets de perspective. Enfin, le banc titre utilisé pour fixer les cellulos résout les problèmes de stabilité (et de sautillements) fréquents dans les dessins animés fabriqués autrefois sur papier.

Philippe Leclercq, 2011