Le festival invisible et permanent

« L’émancipation du spectateur, c’est alors l’affirmation de sa capacité de voir ce qu’il voit et de savoir quoi en penser et quoi en faire. »

Le Spectateur émancipé, Jacques Rancière

Toute l’année, dans des lieux dédiés ou non à la culture, dans des milieux urbains et des zones rurales, Ciclic Centre-Val de Loire assure une mission d’aménagement culturel du territoire régional en y amenant les artistes et en assurant la médiation des œuvres au plus près des habitants. Loin des logiques de consommation culturelle, elle s’emploie à faire bénéficier d’un accès à la culture le plus grand nombre de personnes, d’où qu’elles viennent, et contribue ainsi à la cohésion sociale sur le territoire. L’agence permet la rencontre de personnes riches de leur vécu avec des artistes portés par leur vision du monde, et contribue à un enrichissement mutuel et fraternel : un programme ambitieux auquel s’engage quotidiennement l’agence. Ciclic Centre-Val de Loire était ainsi présente en 2018 dans 400 communes pour 700 rendez-vous culturels qui constituent le festival invisible et permanent qu’elle offre aux habitants.

Des œuvres à la rencontre des citoyens

Chaque jour, Ciclic Centre-Val de Loire invente et propose une programmation diversifiée à l’intention de tous, petits et grands, accessible sur le territoire ou par l’entremise des médias numériques. Une séance, une rencontre avec un créateur, une lecture, un atelier, un goûter, une discussion, une avant-première, et même un bal : voilà ce que l’agence imagine pour désacraliser les rendez-vous culturels et faire connaître à tous le bonheur de partager ses moments d’émotion et de découverte.

Une création vivante et incarnée pour s’approprier les rendez-vous culturels

Qu’ils soient en résidence, associés à une structure ou aux mille lectures d’hiver, qu’ils participent au Labo de création ou rencontrent les lycéens et habitants de la région, de nombreux auteurs sont accueillis tout au long de l’année en Centre-Val de Loire. In situ, programme de soutien à la vie littéraire, répond à l’ambition de l’agence de favoriser la rencontre sensible entre les artistes, leurs œuvres et le public, au plus près des territoires et de ses publics. Les auteurs apprécient cette confrontation qui nourrit leur processus de création que ce soit avec des élèves, les usagers de centres sociaux et d’associations ou le public de festivals. 

Défendant la diversité de l’offre cinématographique en région, l’agence prend très à cœur son rôle d’intermédiaire entre les œuvres, les réalisateurs soutenus, les acteurs de la diffusion culturelle (en premier lieu les salles de cinéma, mais aussi les bibliothèques ou les festivals) et les habitants. Elle accompagne plus particulièrement les films de genres et de formats moins connus (courts métrages, documentaires) et la venue d’auteurs réalisateurs pour mieux faire connaître les œuvres soutenues. L’agence vient en appui des lieux qui peinent par manque de moyens à mener une animation, grâce à des ressources et des modalités attractives. Cette médiation permet à des structures d’élaborer des projets communs qui répondent alors à des objectifs forts à ses yeux : la circulation et la rencontre des œuvres et des créateurs en région avec le public sur l’ensemble du territoire, le partage d’expériences et de compétences et le développement de partenariats locaux et régionaux.

Le webzine CIEL (Cinéma indépendant en ligne) se déploie désormais tout au long de l’année en faisant écho aux événements cinématographiques locaux et nationaux. Il valorise davantage les événements et séances organisés sur le territoire, en y apportant un complément de programme. Il s’agit d’intensifier la circulation des spectateurs, entre le web et les projections, afin de leur faire découvrir plus d’œuvres. CIEL propose régulièrement des cartes blanches ou des focus autour de festivals locaux, tels que Désir désirs (Tours), Retours vers le futur (Châteauroux), Regards d’ailleurs (Dreux)… et promeut la sortie des longs métrages soutenus avec la rubrique « Du court au long », par exemple Les Astres noirs de Yann Gonzalez pour la sortie d’Un couteau dans le cœur

Une culture de proximité pour rapprocher les habitants

Plus que d’un déplacement, il est question d’une appropriation. Ainsi, les cinq-cents lectures des mille lectures d’hiver, qui mettent à l’honneur la littérature française et étrangère d’aujourd’hui, sont portées par autant de personnes qui s’engagent aux côtés de Ciclic Centre-Val de Loire. Ces « accueillants » convient leurs proches   collègues, voisins, amis…  et cette proximité humaine se double d’une proximité géographique. Peu de kilomètres à parcourir, la rencontre littéraire est à deux pas de chez soi. Près de 8 000 personnes, familières ou non du livre et de la lecture, sont ainsi réunies en petits groupes, lors de chaque édition. De plus, chaque mille lectures d’hiver est placée sous le signe de la découverte ; l’accueillant et ses invités ne choisissent pas l’œuvre qui sera lue et la curiosité est la bienvenue. À l’issue de l’écoute du livre lu à voix haute par l’un des quarante-cinq comédiens professionnels, une discussion permet à chacun d’exprimer son ressenti et sa perception du texte. Au fil des éditions, cette façon de découvrir des livres, d’en parler, d’aimer ou pas le texte entendu, de se rencontrer autour de la littérature, s’est inscrite dans les pratiques de plusieurs milliers d’habitants.

Ciclic Centre-Val de Loire s’attache à proposer des réponses à l’irrigation culturelle du territoire qui passe bien souvent par une adaptation aux nouveaux usages des populations. Elle a depuis de nombreuses années choisi le modèle de l’itinérance pour le développement d’une offre cinématographique de proximité. Le Cinémobile est aussi un outil de démocratisation culturelle, car tous les publics y sont les bienvenus : des plus jeunes aux plus âgés, parfois moins mobiles et moins enclins à prendre leur voiture. C’est un endroit aussi très convivial dont la porte est facile à franchir, où les spectateurs sont en grande proximité et en terre de connaissance près de leurs amis et voisins. Outre ses 2 051 projections annuelles, le Cinémobile, lieu de rencontres artistiques en milieu rural, a porté à la rencontre des citoyens trente-six séances en présence de réalisateurs ou de producteurs, pour la plupart concernant des films soutenus : Mikaël Buch pour Simon et Théodore ; Denis Walgenwitz et Alain Biet pour leurs courts métrages La Mort, Père & fils et Grands canons ; Bruno Bouchard pour Correspondances pelliculaires ; Jean-Marie Gigon pour Libre et Le Grand Bal ; Jeanne Bourgon pour La Terre et le lait. Des cinéastes de grande renommée comme Emmanuel Finkiel pour La Douleur et Robert Bober pour Vienne avant la nuit ont également participé à des rencontres en partenariat avec le Cercil. Ces séances spéciales favorisent la mobilisation des publics en direction des films d’auteur, classés art et essai, et autour de sujets de société. 


L’action culturelle comme lien social et vecteur d’intégration et de mixité

 

Plus particulièrement cette année, la diversification du public a été au cœur de l’action de Ciclic Centre-Val de Loire en matière de diffusion. La programmation est en quelque sorte l’outil de cette ouverture vers les minorités. Ainsi plusieurs documentaires comme Le Maître est l’enfant (à propos de la méthode d’apprentissage Montessori), Un jour ça ira (autour de l’accueil des migrants et des solutions d’hébergement), ou De chaque instant (au sujet de la formation des personnels de santé), ont permis des partenariats avec des centres sociaux, des établissements médicaux ou médicalisés, le Secours catholique, des associations et collectifs d’aide aux migrants… Le Cinémobile a pu s’associer à différentes structures telles que les Centres permanents d’initiatives pour l’environnement et fait intervenir producteurs agricoles locaux et élus pour la présentation de documentaires liés aux problématiques environnementales (tels que Zéro phyto 100% bio ou Qu’est-ce qu’on attend ?).

La venue d’auteurs associés, parfois sur une longue période, permet d’entreprendre un travail de fond en direction des habitants. Ainsi, le poète Marc Perrin a « tenu journal » avec des jeunes accompagnés par la Protection judiciaire de la jeunesse, des lycéens, des Berruyers et les participants à l’Atelier passerelle dans le quartier du Sanitas à Tours. Tenir Journal est une proposition d’ateliers d’écriture, avec réalisation de journaux papiers, d’affiches, de publications internet et de rendez-vous publics, qui accompagne son projet d’écriture, Sans attendre.

Ciclic Animation n’est pas en reste grâce à sa collaboration avec de nouvelles structures éducatives et sociales locales qui a renforcé la mixité des publics à Vendôme et pérennisé la fréquentation de publics nouveaux : CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile), ESAT de Lunay (établissement et service d’aide par le travail pour des adultes avec un handicap moteur), le Foyer des jeunes travailleurs ou avec le PRE (Programme de réussite éducative pour les enfants de moins de 16 ans du quartier des Rottes). 

Les mille lectures d’hiver s’adressent elles aussi à tous sur le territoire. 13% d’entre elles bénéficient à des personnes peu coutumières des manifestations culturelles et se déroulent en milieu hospitalier et foyers pour handicapés, en centres sociaux, en maisons de retraites et en prisons. De plus, dans les trois départements où le tissu urbain est moins développé, le projet mille lectures d’hiver représente sans aucun doute une offre culturelle de première importance quand les équipements culturels sont rares.

Réduire les inégalités sociales

Poursuivant sa volonté de démocratisation engagée en 2017 avec le lancement de la carte de fidélité et du tarif pour les moins de 14 ans, le Cinémobile accueille régulièrement des groupes venant de structures éducatives, sociales ou de santé : le foyer socio-éducatif de La Guerche sur l’Aubois, IME, l’ESAT de Mondoubleau, l’EHPAD de Nérondes… auxquelles il fait bénéficier de tarifs réduits. 

Cette année, le Cinémobile a également engagé de nouvelles collaborations avec des partenaires sociaux et associatifs afin de favoriser l’accès des jeunes et des personnes éloignées de la culture, tels que la CAF (dans le département de l’Indre) pour favoriser l’accès des jeunes éloignés des villes et de leurs équipements, les Restos du cœur ou Culture du cœur pour étendre le partenariat sur le territoire du Loiret. 

Une programmation en faveur du jeune public

Les plus jeunes sont également au centre des attentions de l’agence que ce soit pour leur accès au cinéma ou concernant leur sensibilisation aux images. La programmation de la résidence Ciclic Animation leur est en grande partie destinée. Clairement identifiées, les séances qui leur sont dévolues sont attendues par les parents et leurs enfants qui plébiscitent le ciné p’tit déj et le ciné-conte. Les fréquentations de ces séances sont toujours très élevées. Cette belle dynamique se renforce aussi lors des ciné-goûters au Centre culturel des Rottes ainsi que lors des séances du mercredi après-midi au Ciné Vendôme. Ce sont donc douze rendez-vous pour le jeune public qui sont proposés aux habitants du Vendômois pendant l’année.

Le Cinémobile accueille quant à lui un grand nombre d’élèves participant aux différents dispositifs d’éducation à l’image (École et cinéma, Collège au cinéma, Lycéens et apprentis au cinéma et même Maternelle et cinéma). En 2018, 266 séances ont étés organisées dans ce cadre représentant 16 019 entrées (+ 15,4 %). 49 films différents ont été projetés. Des projections ponctuelles ont été proposées en 2018 aux établissements scolaires : programmes de courts métrages, films adaptés selon les différentes tranches d’âge des enfants, pour tous les niveaux de la maternelle au collège. Des films, pour la plupart classés art et essai jeune public, ont été proposés cette année avec par exemple Ernest et Célestine en hiver, Le Grand Méchant Renard et autres contes, Cro Man… Plusieurs projections du film Coco (en VOSTF) ont été proposées à la demande des classes d’espagnol des collèges. Ce type de séance adaptée aux classes de langues pourrait se développer. Des projections spéciales ont été proposées aux accueils de loisirs pendant les vacances de février, de Pâques et en juillet dans 19 communes réparties sur l’ensemble du territoire régional. Le but est de créer une émulation autour de films, parfois exigeants, que les enfants ne verraient pas spontanément. L’ensemble de ces projections a accueilli un total de 7 596 spectateurs. 

  • 22 auteurs in situ au plus près des habitants
  • 88 séances de promotion et d’accompagnement des œuvres soutenues
  • 1 547 spectateurs à Ciclic Animation
  • 57 712 spectateurs au Cinémobile 

SOMMAIRE ▼

Histoire(s) d'engagement(s) : rapport d'activité 2018


 Repérer et accompagner les talents de demain

Une région forte de ses talents

L'innovation au service de la pédagogie

Images du passé, acteurs du présent