— Publié le 11/06/2019

Cent jours autour du monde avec Christian Garcin et Tanguy Viel

Chronique d'un tour du monde sans avion, en cargo, en train, en voiture, d'est en ouest et dans l'hémisphère nord, effectué en ce printemps 2018, par Christian Garcin et Tanguy Viel, qui n'en savent pas beaucoup plus sur leur attelage ni sur les raisons de leur voyage.

C'est une histoire d'amitié, de fidélité, ou plutôt deux histoires, en réalité.

La première, qui pousse deux écrivains, amis, dont de prime abord la proximité littéraire ne saute pas aux yeux, tant l’un est prolixe, publie chez de nombreux éditeurs, dans des champs très divers - roman, récits, poésie, jeunesse, traduction, alors que l’autre distille ses textes, romanesques, avec une grande économie, presque toujours chez le même éditeur ; tant l’un est un grand voyageur, habitué des pérégrinations planétaires et d’une production littéraire en écho, où l'autre, plus sédentaire, bien que parfois marin, se cantonne à des déplacements nationaux ou européens et situe la plupart de ses romans dans les paysages de sa Bretagne natale… Une histoire qui pousse deux amis écrivains, donc, à se lancer dans cette incroyable aventure.

La seconde est celle d'une fidélité, d'un compagnonnage, d'une confiance littéraire qui lie Ciclic à Tanguy Viel, depuis plusieurs années. Confiance qu'en retour il nous accorde, mettant en partage textes en cours, questionnements artistiques, philosophiques et littéraires.

La liste est longue, déjà, des projets, des aventures littéraires, que nous avons ensemble vécus... Depuis La fuite des idées, pour le DVD « Récits du Dunois », en passant par la magnifique aventure d’Icebergs, suivie de Vues sur la rade, au sein du Labo de création et à la librairie Les Temps modernes à Orléans (immense privilège que d’assister à la genèse du grand roman que sera Article 353 du code pénal), jusqu’à sa présence au sein des mille lectures d'hiver.

Ainsi, lorsque Tanguy, au mois de septembre 2014 nous fait part de ce projet de tour du monde avec son ami Christian Garcin, qui lui aussi fera bientôt partie des proches, puisque nous avons depuis lors accompagné son séjour d’auteur à Saché, coédité le très beau texte Les trois mistigris, puis partagé Les vies multiples de Jérémiah Reynolds avec les lycéens de la région Centre, c'est tout naturellement qu'est né le désir de suivre et de proposer un espace éditorial à cette belle aventure littéraire et humaine. De prolonger cette amitié qui nous pousse à suivre ces auteurs dans leur parcours d’écrivains, de livre en livre, de projets en projets, par un compagnonnage autour du monde, de ville en ville, progressant dans l’écriture comme sur la mappemonde sur laquelle à présent ils cheminent, et dont nous n'avons de cesse de découvrir la fascinante puissance d’évocation.

Une question de désir, alors, et pourquoi le nier ? Désir d'accompagner l'œuvre d'auteurs qui nous sont chers, désir un peu égoïste de suivre ce tour du monde et de découvrir au fil des 100 jours qu'il durera les textes produits, mais aussi, et bien entendu surtout, désir de partager et de faire vivre cette aventure, de lui proposer un cadre éditorial, de passer une manière de commande qui aide deux écrivains à mettre en forme, au fil du parcours, une matière textuelle qui deviendra, plus tard, une fois de retour, un livre à quatre mains. 

Entre le 24 avril et le 20 juillet 2018, vous avez pu suivre ce tour du monde au travers de vingt-deux chroniques écrites par Christian Garcin et Tanguy Viel. 
Elles ont été supprimées pour donner place à un livre :
Travelling  qui est paru en mars 2019 aux éditions J.C. Lattès.

CENT JOURS AUTOUR DU MONDE : LE PROJET
« Les vrais livres ont quelque chose de marin. Ils sont conçus pour tenir la mer, la contredire même jusqu’à un certain point, à force de fendre les flots, traverser la vague et puis, si possible, avec souplesse retomber dans son creux, armés qu’ils sont de varangues invisibles qui tiennent la coque et l’empêchent de plier », écrivait Tanguy Viel en incipit d’Icebergs.

Et voici que l’auteur de ces lignes part, en compagnie de son ami Christian Garcin, mettre à l’épreuve cette pensée, pour un voyage de 100 jours autour du monde. Lestés d’une belle cargaison de livres, solides et marins, aux « varangues invisibles », prévus déjà pour être dégustés à en des lieux, dans des temps bien précis (Tolstoï pour la Russie…), ils entreprennent donc ce tour du monde d’est en ouest, dans l’hémisphère nord. Une « circumnavigation » qui se propose de faire l’expérience de la lenteur, relative, des moyens de transport maritimes (cargos) et terrestres (voiture, train). Une expérience du temps ralenti, et du réel, qu’ils décident de « se coltiner », d’éprouver physiquement et littérairement en s’engageant dans l’écriture de ce livre à quatre mains* dont nous livrons ici le matériau de travail et qui, à n’en pas douter, « tiendra la mer » et sa place dans la littérature.

*à paraitre aux éditions Jean-Claude Lattès, partenaire de ce projet. 


Tanguy Viel, écrivain, est né à Brest en 1973. Il a publié son premier roman, Le Black Note, en 1998 aux Éditions de Minuit. En 2003, il est lauréat de la Villa Médicis et passe un an à Rome avant de venir s'installer près d'Orléans où il vit aujourd'hui. Il a ensuite publié Cinéma, Minuit, 1999 ; L'absolue perfection du crime, Minuit, 2001 ; Insoupçonnable, Minuit, 2006 ; Paris-Brest, Minuit, 2009 ; Cet homme-là, Desclée de Brouwer, 2009 ; Hitchcock, par exemple, Naïve, 2010 ; La disparition de Jim Sullivan,  Minuit, 2013. Derniers ouvrages parus : Article 353 du code pénal, Minuit, 2017 ; Cinéma, suivi de Hitchcock, par exemple, Minuit (collection Double), Minuit, 2018

Né en 1959 à Marseille, Christian Garcin publie en 1993 son premier livre, Vidas (Gallimard) qui, comme les deux suivants (L’encre et la couleur, Gallimard, 1997, Vies volées, Climats, 1999), s’inscrit dans la tradition des « vies brèves », ou « fictions biographiques ». Son travail par la suite se diversifie, et l’œuvre, aujourd’hui ample et protéiforme, est constituée d’une dizaine de romans, mais aussi de recueils de nouvelles, de poèmes, d'essais sur la peinture et la littérature, de carnets de voyages, de quelques ouvrages en littérature jeunesse, ainsi que d’un livre de photos. Au fil des années, certains de ses textes de fiction se nourrissent des voyages qu'il effectue, tout en développant parfois une veine à la lisière du fantastique, ainsi qu'en témoignent les romans La Jubilation des hasards (Gallimard, 2005), ou La piste mongole (Verdier, 2009). Derniers ouvrages parus : Les oiseaux morts de l'Amérique, Actes Sud, 2018 ; Poèmes américains, Finitude, 2018