« Sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites, nos projets, nos médias noyés dans la société du spectacle. »
Michel Serres, Petite Poucette, 2012
Faire culture avec tous : construire du commun en Centre-Val de Loire
Le présent rapport d’activité, dont la structure a été retravaillée depuis deux ans pour permettre une meilleure lisibilité des actions et des enjeux, se veut le reflet fidèle de la formidable énergie manifestée par les acteurs de terrain et les professionnels, lesquels bâtissent, au quotidien, une action culturelle engagée et vivante qui suscite l’adhésion des publics et contribue à la vitalité du territoire régional. Il a pour vocation de souligner la spécificité d’un travail qui repose avant tout sur un maillage, complexe et toujours fragile, d’acteurs venus d’horizons très divers.
Il s’agit, à l’heure du bilan, modestement mais fièrement, de rendre compte de la diversité, de la vitalité et du dynamisme des territoires et de leurs habitants, de valoriser les engagements individuels et collectifs, de faire part d’expériences toujours singulières qui privilégient l’humain en choisissant de le placer au centre.Il témoigne aussi, de la part des équipes de Ciclic Centre-Val de Loire et du Conseil d’administration, de l’attention constante portée aux besoins des partenaires en matière d’accompagnement et de coordination de projets, dans un esprit alliant souci d’exigence et volonté d’expérimenter de nouvelles pratiques en matière de soutien à l’action culturelle et artistique.
Ce rapport dessine enfin, de manière transversale, l’ensemble des objectifs stratégiques actuels et à venir, en les situant comme autant de défis à relever par les acteurs de terrain, les professionnels et les pouvoirs publics pour développer un service public de la culture pour les habitants.
Un territoire fort de ses talents
La Région Centre-Val de Loire favorise depuis longtemps une démarche d’émergence des œuvres ainsi que d’incubation des talents de demain. Elle le fait en accompagnant des projets singuliers, en soutenant les premiers pas des artistes, en faisant des choix audacieux, comme celui de créer un studio d’animation en plein cœur du Vendômois. Ciclic Centre-Val de Loire affirme ainsi clairement sa volonté d’instaurer une dimension recherche et développement dans le domaine du soutien à la création. La liste est longue d’auteurs aujourd’hui reconnus qui ont trouvé dans ce contexte, à leurs débuts, l’environnement bienveillant dont ils avaient besoin pour permettre à leur désir de création d’aboutir.
En destinant, en 2018, les Ateliers Ciclic aux citoyens de la région, nous défendons un principe de solidarité et d’équité, en proposant à celles et ceux sans formation ou expérience préalable dans le secteur du cinéma de mettre à l’épreuve leur désir de création. Pendant quatre mois, il leur est proposé de participer à une série d’ateliers, de rencontrer des cinéastes, de découvrir des films, d’échanger avec des professionnels pour découvrir les métiers du secteur : écrire un scénario, fabriquer un film, le diffuser.
L’année 2018 aura été une nouvelle fois marquée par une reconnaissance nationale et internationale du travail accompli en faveur des artistes et de ceux qui les accompagnent au quotidien. De Negative space en compétition aux Oscars à la sélection officielle à Cannes du film Le Grand Bal, les œuvres sont, depuis de nombreuses années, les ambassadrices de la politique culturelle menée par la Région Centre-Val de Loire. Le succès public et critique du film 120 battements par minute, récompensé par six César, est venu contribuer de manière spectaculaire à ce rayonnement national et international.
Ciclic Centre-Val de Loire se positionne clairement comme un outil de développement économique pour le territoire, croisant, par son action, des enjeux liés à un travail de création, des enjeux d’attractivité liés au territoire, des enjeux de formation professionnelle et de développement des filières de l’industrie créative. En 2018, une étude pour la mise en place d’un cluster a été menée par Ciclic Centre-Val de Loire avec le soutien financier de la Région, de la Drac, de l’Europe à travers le Syndicat mixte du Pays Vendômois, de la Communauté de communes Territoires Vendômois et du Conseil départemental de Loir-et-Cher. Espace privilégié d’apport de connaissances, d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques, les clusters apparaîssent comme de véritables accélérateurs de projets et d’innovation. Cette étude confirme ainsi les atouts humains et politiques de la région ; elle propose également des pistes concrètes pour un développement raisonné et ambitieux de la filière de l’industrie de l’image en mouvement sur le territoire régional.
Fabriquer du lien et de la cohésion sociale
Egalité d’accès à la culture et égalité des territoires sont deux des valeurs que Ciclic Centre-Val de Loire entend défendre à travers ses actions. Nous cherchons à offrir à chacune et à chacun autant de situations possibles d’apprentissage de la citoyenneté à travers la démocratisation de l’accès aux œuvres et des expériences artistiques et culturelles. L’agence travaille au lien entre culture et société à travers les œuvres artistiques, place les citoyens au cœur de son action, et s’adresse à tous les territoires, qu’ils soient urbains, ruraux ou périphériques.
Afin de favoriser l’application des droits culturels définis dans la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’Unesco, Ciclic Centre-Val de Loire encourage les citoyens à exprimer leur sensibilité en privilégiant les actions construites non seulement pour mais avec les publics. Les centaines d’accueillants des mille lectures d’hiver, les correspondants cinéphiles organisés en réseau — habitants des villes et des campagnes, curieux et amateurs de convivialité — sont les artisans véritables de ces rendez-vous littéraires et cinématographiques. À leur tour, ils deviennent de véritables agents de développement culturel, des citoyens-acteurs associés à un projet destiné à être partagé avec un public de plus en plus nombreux.
Qu’elle soit développée en milieux scolaires ou éducatifs, ou bien projetée tout au long de la vie, l’éducation artistique et culturelle est apparue au fil des dernières décennies comme une incontournable réponse à de nombreuses questions posées tant par les militants inventifs et convaincus du potentiel roboratif de l’action artistique que par les observateurs attentifs aux limites de la démocratisation culturelle.
Enseignants, pédagogues, éducateurs, parents : tous reconnaîssent le bien-fondé d’un enseignement qui associe dans sa démarche la fréquentation des œuvres, la rencontre avec les artistes, l’acquisition de connaissances, la constitution d’une culture personnelle, qui encourage aussi au vivre-ensemble au travers du partage d’expériences concrètes et sensibles, individuelles et collectives. En favorisant le développement de la personnalité, de la créativité, de l’esprit critique, l’éducation artistique contribue activement à la formation et à l’émancipation de la personne et du citoyen. Aussi apparaît-elle plus qu’indispensable au développement de la démocratisation culturelle et de l’égalité des chances.
Avec plus de 100 000 enfants et adolescents impliqués chaque année en région Centre-Val de Loire, les dispositifs scolaires et extrascolaires rendent compte, en terme de maillage culturel, de l’une des interventions conduites par Ciclic Centre-Val de Loire parmi les plus abouties et les plus structurées sur le plan artistique, social et éducatif.
Un projet de coopération et de partenariat réaffirmé
En élaborant et en proposant au Conseil d’administration un programme stratégique pour les années 2018/2021, le Conseil régional du Centre-Val de Loire et l’État inscrivent résolument la culture comme vecteur essentiel d’une démarche de progrès et de transformation, tant d’un point de vue individuel : capacité de chacun à se reconnaître, à se dire, à tisser des relations, que sur le plan du collectif : construire du commun sur un territoire donné.
Il s’agit pour l’EPCC Ciclic Centre-Val de Loire de défendre l’idée que les droits culturels relèvent de l’être plus que de l’avoir, que c’est à ce titre qu’ils oeuvrent en faveur d’une cité dans laquelle art et culture, cessant d’être réservés à une élite, font naturellement partie du bien commun.
J’ai la conviction, partagée avec les fondateurs de l’agence, que le déploiement d’un service public de la culture est ce qui permet de construire une identité collective soucieuse de la diversité des formes et des pratiques artistiques, attentive à l’articulation des savoirs entre eux et à leur transmission, susceptible de favoriser, in fine, les ressources créatrices des acteurs de terrain, et par là-même, de contribuer durablement au développement d’un territoire.
Philippe Germain
Directeur général
