Orléans-Paris en 15 minutes...

Ou comment la France des Trente Glorieuses a pu croire (rêver ?) à un pari technologique complétement fou : la circulation d'un aérotrain au milieu des plaines beauceronnes. En route à travers le temps à la rencontre d'un lieu, d'une utopie et surtout des habitants si familiés au rail de béton qui flirte avec leurs maisons. A la croisée de ces chemins : Aréotrain !, le documentaire d'Outis Niekesa...

Folle aventure technologique, échec économique, fiasco politique, les points de vue et les analyses ne manquent pas pour qualifier et commenter cette construction pharaonique de la fin des années 70 au cœur de la Beauce. Quoi qu'il en soit, le projet technologique a été rapidement abandonné, notamment au profit du TGV, et près de 40 ans plus tard, ce vestige de béton armé subsite au milieu des champs du "grenier de la France".

Au-delà de l'aventure technologique qu'a pu représenter la construction d'un rail de béton de 10m de haut et de 20km de long pour y faire circuler un aérotrain à la vitesse de 430km/heure (record du monde de vitesse établi en 1974), le réalisateur Geoffrey Lachassagne nous propose dans son film L'Aréotrain de nous promener le long de ce viaduc pour y rencontrer les "voisins" et les écouter nous parler de leurs propres "aérotrain" : leurs rèves, leurs aventures, leurs échecs et les rapports étroits ou étranges qu'ils peuvent entretenir avec ce ruban de béton armé.

Parsemé d'incroyables images d'archives relatant la construction de ce rail de 10m de haut et montrant ce vaisseau des airs roulant à la vitesse d'un avion, ce film offre la parole aux habitants de ce petit coin de campagne, situé à quelques minutes d'Orléans, témoins direct de la vie au quotidien aux abords de ce monument de béton. Qu'ils soient jeunes ou vieux, qu'ils aient été témoins à l'époque de cette construction ou simple spectateur de ce qu'il en reste aujourd'hui, ce film offre un beau et touchant témoignage de la France rurale ou péri-urbaine des années 2000.

Sans aucun jugement ni commentaire, l'occasion nous est offerte de rencontrer ces habitants : le maire d'un village qui se félicite de la multiplication des zones pavillonaires et regrette la fin des commerces ou le départ des services publics ; le propriétaire d'un bowling qui nous parle avec émotion d'un projet de parc d'attraction qui n'a finalement jamais vu le jour ; un passionné de modélisme qui refait vivre et circuler, en miniature, le monorail de l'aérotrain ; un ouvrier qui aurait voulu conduire des trains ; un agriculteur qui aurait rêvé d'être gendarme ou militaire ; un jeune qui a quitté le lycée pour découvrir la vie active... et finalement reprendre des études.

Le viaduc de l'aérotrain, un fomidable prétexte et une délicate métaphore pour donner l'occasion aux personnages de ce film de témoigner de leurs rèves, leurs renoncements, leurs échecs, leurs joies, leurs envies, leurs ambitions, leurs espoirs .... tout ce qui fait le sel du quotidien des êtres humains et de ce qui peut les animer au cours de leur propre chemin de vie.

Biographie du réalisateur :
Geoffrey Lachassagne -alias Outis Niekesa- est né en 1978.
Après des études en France et aux États-Unis, il tourne, sous différents pseudonymes, plusieurs essais documentaires et films expérimentaux (Aréotrain !, La Longue Marche vers l’Indépendance), tout en poursuivant en parallèle un travail d’écriture quotidien. En 2015 sort son film La Capture consacré à Pierre Bergounioux et à sa passion pour l’entomologie.
Il mène également une activité littéraire avec l’écriture de deux pièces de théâtre et du roman Et je me suis caché. S’orientant aujourd’hui vers d’autres formes d’écriture, il poursuit son journal.