"Bagni 66" de Diego et Luca Governatori

Le documentaire Quelle folie de Diego Governatori est sorti en salles en octobre 2019. Afin de mieux connaître l'univers et le parcours de son réalisateur, penchons-nous l’un de ses précédents moyens métrages, Bagni 66, co-réalisé avec son frère Luca en 2011. Un film fort sur le rapport entre un père et son fils. 

Le récit

Bagni 66 est un moyen métrage de fiction qui questionne les rapports entre père et fils. Tous les étés, Élio retrouve son père en Italie pour l’aider à tenir le cabanon familiale et à accueillir les touristes. Le film montre une confrontation entre deux générations autour d’un lieu, le "Bagni 66" : un établissement familial sur la côte adriatique. Le père d’Élio, vieillissant, ne veut plus tenir le cabanon, et préfère le vendre pour qu’il devienne une entreprise. Élio ne suit pas du tout son père dans ce choix et il souhaite continuer à s’occuper du lieu. Le personnage du père est joué par le père des deux réalisateurs. Artiste peintre, c’est lui qui a transmis à ces deux fils l’importance du cadre, du sujet et de la lumière. 

Dans Bagni 66, le père et son fils ne s’écoutent pas et ne s’entendent pas. Les deux réalisateurs questionnent notre rapport à la vie (comment vivre et continuer à se battre ?) ainsi que le bien-être, la famille, la mort ou encore la transmission (notamment celle de la langue : le père parle en italien alors que son fils lui répond généralement en français).

Une proximité avec le documentaire et une esthétique forte 

Le film a une dimension documentaire, sans doute permise par la longue périod de tournage (deux mois) et le choix du lieu, que les deux réalisateurs connaissant bien. Cette proximité avec le documentaire est accentuée par la spontanéité de certains mouvements, dialogues ou réactions des personnages. On retrouve particulièrement cette intégration de la fiction au réel (ou du réel à la fiction) à la fin du film, pendant le bal. 

Les réalisateurs ont particulièrement soigné l'image : lieu photogénique, travail sur les cadres et les couleurs, symétrie dans les plans. La caméra à l’épaule et les gros plans donnent quant à eux une proximité avec les personnages qui est accentuée par le travail sur le son et le silence.

On retrouve cette force dans Quelle folie, le premier long métrage documentaire de Diego Governatori, réalisé cette fois sans son frère. 

Voir aussi

A propos de Quelle folie de Diego Governatori :

Quelle folie, un film de Diego Governatori
France | 2018 | documentaire | Les Films Hatari | 87 minutes
Sortie : le 2 octobre 2019

Synopsis : Aurélien est un ami très proche, atteint du syndrome autistique d'Asperger. Parmi les symptômes, une utilisation atypique du langage qui complique son intégration dans la société. Sa parole témoigne en effet d'une certaine difficulté à incorporer les codes qui régissent les liens et les interactions sociales, ce qui l'exclut de ce fait de toute altérité durable. Au-delà de ce que l'autisme peut expliquer, au-delà aussi des hypothèses que je pourrais formuler, il est un témoignage à son propos qui m'intéresse vivement : le sien. Comment se voit-il, se pense-t-il, s'impressionne-t-il, se vit-il ?

Un documentaire passionnant et fort qui permet de réfléchir sur la place de la folie. Il donne la parole à un ami proche, Aurélien, qui nous explique la complexité du syndrome autistique d’Asperger dont il souffre. Le film est le témoignage touchant d'un jeune homme d'une grande intelligence et d'une grande sensibilité, au milieu du rassemblement de la foule aux moments des lâchers de taureaux dans les rues de Pampelune en Espagne. Cette construction donne un contraste fort entre l'intimité des paroles d'Aurélien et l'immensité de la foule. Ainsi, le réalisateur questionne le lieu de la folie et de la violence (verbale et physique). Aurélien nous transmet un espoir en la société et au monde, il nous offre une autre perception de l'autisme avec une sincérité immense qui donne à réfléchir.