1 - Les tendances de l’année 2014

Une deuxième année de baisse consécutive

Après une année 2013 marquée par un recul des crédits de 2%, 2014 enregistre une nouvelle baisse de l’investissement des collectivités territoriales en faveur des soutiens accordés au cinéma et à l’audiovisuel. Avec 57,9 M€ (-2,3%)* et une enveloppe qui baisse globalement de près de 1,4 M€, il apparaît de plus en plus évident que les collectivités évoluent dans un contexte budgétaire complexe, mouvementé et incertain. D’autre part, le spectre de la réforme territoriale et de la naissance de “super-régions” laisse aussi entrevoir une forme de spécialisation de leurs fonds pour certaines collectivités ou de désengagement pour d’autres moins impliquées.
À l’heure où Ciclic rédige ces synthèses, l'agence ne dispose pas encore des bilans de l’année 2014 relatifs à l’ensemble du secteur du cinéma et de l’audiovisuel. Pour le moment, seul le bilan de la production cinématographique 2014 a été diffusé par le CNC. Si ce dernier confirme une tendance générale constatée à la baisse des investissements pour le long métrage (- 21,7% par rapport à 2013), ce bilan rappelle en revanche que les soutiens du CNC ont augmenté (+4% pour les aides sélectives) et que les financements des chaînes de télévision sont stables au cours de la même période pour les soutiens au long métrage. Ces observations viennent donc nuancer la baisse globalement constatée pour les crédits des collectivités en 2014. Il sera nécessaire d’attendre la totalité des bilans relatifs à ce domaine d’activité pour vérifier quels sont les financeurs, publics ou privés, qui marquent un recul dans leurs investissments et ceux qui les augmentent. 
*Ces  crédits prennent en compte le cofinancement des collectivités territoriales et les apports du CNC


Diminution des crédits pour 18 collectivités

Parmi les 44 collectivités qui sont intervenues pour soutenir le cinéma et l’audiovisuel en 2014, 18 d’entre elles, dont un nombre record de Régions (13), ont enregistré un recul de leurs investissements, parfois sur des ratios très importants, comme notamment la Région des Pays de la Loire (-21,59%), l’Auvergne (-24,52%), la Franche-Comté (-28,76%) ou le Limousin (-35,68%). Il est important également de noter que parmi les 15 collectivités les plus impliquées en matière de crédits accordés, seules 2 ont réussi à augmenter leur budget par rapport à 2013 : PACA avec une hausse de plus de 600 000 € (+16%) et la Réunion avec près de 800 000 € supplémentaires (+75%).

Le cinéma en perte de vitesse

L’un des principaux enseignements de l’analyse 2014 des chiffres collectés est le recul important de l’investissement porté sur le cinéma. Sur un an, ce dernier perd 2,1 M€ pour atteindre 33,6 M€, inférieur à son niveau de 2011 (34,4 M€). Cette baisse impacte principalement (en données brutes) le long métrage, -1,1 M€ et -3,9% alors que les montants de ce genre étaient en hausse constante depuis 2010. 
 
Le court métrage n’est pas épargné non plus : les investissements en 2014 baissent de 828 000 €, soit un recul de 11,1% (-16,4% en trois ans).
Dans ce recul généralisé, il est important de mettre en lumière le fait que les aides à l’écriture et au développement augmentent : +28,8% pour le long métrage, +5,1% pour le court métrage. En revanche, les aides à la production marquent un repli général : - 1,4 M€ pour le long métrage (-5,2%) ; - 890 000 € pour le court métrage (-12,6%).

Audiovisuel : la fiction en état de grâce

Après avoir enregistré une baisse en 2013, les crédits de l’audiovisuel augmentent en 2014 avec près de 600 000 € supplémentaires, en progression de 2,4%. Pour rappel, après une forte hausse constatée en 2012 (+17,46%), l’audiovisuel avait connu un recul important en 2013 (-5,76%). Ce jeu de montagnes russes dans les investissements sera l’un des points majeurs à surveiller dans les analyses des prochaines années pour déterminer si cette augmentation se révèle être un point de bascule conjoncturelle ou une réelle tendance. Pour l’instant, le seul point sur lequel il convient de s’accorder est la préférence marquée des collectivités à la venue de fictions audiovisuelles, particulièrement des séries, sur leurs territoires.
Les soutiens à la fiction télévisée sont les seuls en augmentation
en 2014 parmi les cinq genres majeurs
(long métrage, court métrage, documentaire, animation, fiction TV).
Ce format est synonyme d’emploi, de retombées économiques indirectes et de pérennisation d’une filière – des enjeux cruciaux actuellement pour les territoires.

Le documentaire et l’animation en baisse

Parmi les crédits de l’audiovisuel, le documentaire et, dans une moindre mesure, l’animation ont vu leurs crédits baisser en 2014. Ces deux reculs sont remarquables au sens premier du terme car ils confirment une tendance déjà constatée en 2013 alors que chacun de ces genres représentent, a priori, les dispositifs les plus structurants pour accompagner et implanter des filières de production en région.
 
Très concrètement, le documentaire voit les investissements qui lui sont consacrés tomber à 9,3 M€ (-9% par rapport à 2013, -15% par rapport à 2012). 34 collectivités – contre 36 en 2013 – ont investi sur ce genre. Plus inquiétant : le nombre d’aides ne cesse de chuter. On en comptabilise 617 en 2014, contre 673 l’année précédente et 694 en 2012. Le point positif concernant ce genre est la stabilité de la moyenne des aides accordées (15 191 € versus 15 319 €).
 
Le recul, déjà constaté en 2013, en faveur des investissements consacrés à l’animation, est une nouvelle fois à éclairer : 15 collectivités sont intervenues en 2014 pour 85 aides (+19,7%) alors que les crédits sont en baisse de 1,8%, pour un total de 3,75 M€. Plus de projets aidés et une enveloppe globalement moins importante : la moyenne des aides accordées a inévitablement enregistré une forte baisse cette année, passant de 53 730 € à 44 087 €… si l’on intègre séries et unitaires. Par contre, en se basant uniquement sur la série (soit 74 aides pour 3,5 M€), la moyenne remonte à 48 086 €. On peut donc légitimement avancer que c’est bien la dimension cyclique du mode de fabrication de l’animation qui engendre ces variations et non un simple désengagement d’un genre par ailleurs largement prisé des collectivités pour les raisons évoquées plus haut.
Enfin, les analyses 2014 pointent une croissance exponentielle des aides accordées aux projets Nouveaux Médias et, particulièrement, aux Web documentaires. Absents de ces synthèses en 2012, ces projets ont connu un investissement de 47 500 € en 2013 et 489 000 € en 2014. 18 collectivités sont intervenues sur le web doc cette année.

Ratio cinéma/audiovisuel : les lignes bougent

Avec une baisse de près de 5,4% des montants alloués au cinéma et une hausse de 2,4% pour l’audiovisuel, le ratio des investissements entre ces deux grandes catégories d’analyse affiche une bascule sensible : 58% pour le cinéma et 42% pour l’audiovisuel (60% pour le cinéma en 2013 et 40% en faveur de l’audiovisuel). D’autre part, la fiction représentait en 2013 40% des investissements totaux contre 42,3% cette année. 
 
C’est à la marge qu’on pourra encore affiner ce constat. Ainsi, le nombre d’aides au cinéma représente 41,4% des aides en 2014 (42,1% en 2013) ; celles accordées à l’audiovisuel représentent 58,6% de l’ensemble en 2014 (57,9% en 2013).